Qu'est-ce qu'une sonde urinaire et à quoi sert-elle ?
Le sondage vésical est une technique utilisée depuis l’antiquité pour vider la vessie quand celle-ci ne se vide pas de façon naturelle. Les causes sont multiples, mais la principale indication est la rétention aiguë d’urine ou l’impossibilité d’uriner malgré l’envie. Pour procéder au sondage de la vessie, on utilise une sonde urinaire. On vous explique ce que c'est, comment la choisir et l'utiliser.
Qu'est-ce qu'une sonde urinaire ?
Une sonde urinaire est un tuyau en plastique ou en silicone très souple. Elle se compose de trois parties distinctes :
- le tube souple à insérer à l’intérieur de la vessie pour la vider ;
- le ballonnet est gonflé de liquide afin d’empêcher la sonde de ressortir de la vessie ;
- le sac de drainage pour recueillir l’urine qui s’écoule.
Ce dispositif est utilisé pour vider correctement la vessie quand celle-ci ne peut plus se vider seule. L’utilisation de la sonde urinaire permet aussi de réduire le risque d’infections et de préserver la fonction des reins.
Dans quels cas poser une sonde urinaire ?
Le problème de vidange de la vessie peut avoir plusieurs origines. Les plus fréquents sont :
- la présence d’un obstacle sous-vésicale ;
- l’altération de la commande neurologique ;
- le défaut de contraction vésicale.
Dans ces cas, le drainage s’impose comme la meilleure solution pour vider complètement et régulièrement la vessie.
Par ailleurs, l’utilisation d’une sonde urinaire est aussi indispensable pour faire un prélèvement ou bien pour effectuer le lavage de la vessie. Cette dernière consiste à injecter une solution stérile additionnée d’un médicament dans la vessie et de l’évacuer ensuite à l’aide de la sonde urinaire. Cette procédure permet de retirer les débris épithéliaux et les caillots sanguins présents dans la vessie après une opération chirurgicale.
Quels sont les différents types de sondes urinaires ?
Les sondes urinaires permettent l’évacuation de l’urine lorsque la miction est impossible ou incomplète. On distingue principalement deux grandes catégories, selon la durée d’utilisation et les modalités de pose.
La sonde urinaire à demeure
La sonde à demeure (ou sonde de Foley) est conçue pour rester plusieurs jours, voire plusieurs semaines en place. Elle peut être posée :
- par voie transurétrale, en passant par l’urètre
- par voie sus-pubienne, directement dans la vessie à travers la paroi abdominale (cystostomie)
Elle est généralement reliée à un système collecteur externe. Son utilisation est fréquente en post-opératoire, en cas d’incontinence sévère ou d’immobilisation prolongée. Les sondes à demeure sont souvent dotées d’un ballonnet gonflé à l’intérieur de la vessie pour maintenir la sonde en place.
La sonde urinaire intermittente
Utilisée pour un drainage ponctuel de la vessie, la sonde intermittente est introduite à chaque besoin d’évacuation urinaire, puis retirée aussitôt. Elle est indiquée dans de nombreuses situations :
- vessie neurologique (lésion médullaire, sclérose en plaques, spina bifida)
- rétention urinaire chronique non obstructive
- vidange vésicale dans un contexte post-opératoire temporaire
Cette méthode est reconnue comme la plus physiologique et la moins à risque d’infections urinaires à long terme.
Bon à savoir
La pose intermittente favorise le maintien de la fonction vésicale, limite le risque de reflux urétéral et diminue l’incidence des infections nosocomiales urinaires.
Autres critères de distinction
Les sondes peuvent également être classées selon :
- leur matériau : latex, silicone, PVC, polyuréthane
- leur revêtement : hydrogel, hydrophile, antimicrobien
- leur nombre de voies : sonde simple (1 voie), double (2 voies pour drainage et ballonnet), triple (ajout d'une voie pour irrigation)
Chaque type présente des avantages spécifiques selon l’indication, la durée d’utilisation et le terrain du patient.
Comment bien choisir une sonde urinaire ?
Le choix d’une sonde urinaire doit être adapté à la pathologie, à la morphologie du patient, ainsi qu’au contexte clinique. Plusieurs critères doivent être pris en compte.
La longueur de la sonde
Elle doit tenir compte du sexe et de l’âge du patient :
- chez l’homme : 40 cm en général pour une sonde à demeure, 30 cm pour les sondes intermittentes
- chez la femme : 20 cm pour une sonde à demeure, 10 à 15 cm pour une sonde intermittente
- chez l’enfant : longueur variable selon l’âge (entre 6 et 30 cm)
Une sonde trop courte peut être à l’origine de fuites ou d’un mauvais positionnement.
Le calibre de la sonde
Le diamètre s’exprime en Charrière (CH), soit 1 CH = 0,33 mm. Le choix du calibre dépend du débit urinaire souhaité, de la viscosité des urines et du confort du patient :
- 12 à 14 CH : standards pour l’adulte en usage courant
- 16 à 18 CH : indiqués si les urines sont épaisses ou hémorragiques
- 8 à 10 CH : recommandés pour les enfants ou patients à risque de traumatisme urétral
Le matériau de la sonde
Chaque matériau a des propriétés particulières :
- latex : souple et économique, mais potentiellement allergène
- silicone : biocompatible, hypoallergénique, adapté aux usages prolongés
- PVC : rigide, réservé aux sondes de courte durée
- polyuréthane : flexible, souvent utilisé pour les sondes hydrophiles à usage unique
Le type de revêtement
Les revêtements hydrophiles ou au gel lubrifié facilitent l’insertion, réduisent les frictions et donc le risque de microtraumatismes. Les sondes enduites d’argent ou à action antimicrobienne sont indiquées en prévention des infections urinaires récidivantes.
Le conseil de l'expert
Pour un usage prolongé, privilégiez une sonde 100 % silicone à faible calibre, avec un revêtement hydrophile. Cela réduit les risques de colonisation bactérienne et améliore le confort du patient.
Le système de drainage
Enfin, il convient de choisir un système adapté :
- sac collecteur pour les sondes à demeure
- bouteille ou poche jetable pour les sondages intermittents
Un bon système de collecte limite les fuites et améliore la prévention des infections urinaires.
Comment se déroule le sondage urinaire ?
Le sondage urinaire est un acte prescrit médicalement. Il doit être réalisé par une infirmière diplômée d’État, avec un matériel adapté et stérile. Voici les étapes clés à respecter :
- Vérification de la prescription médicale et du type de sonde adapté au patient ;
- Installation du patient en position adéquate (gynécologique ou dorsale selon le sexe) ;
- Toilette locale avec savonnage, rinçage et séchage des plis inguinaux et de la région urogénitale ;
- Désinfection de l’orifice urinaire avec une solution antiseptique adaptée ;
- Lubrification de la sonde pour faciliter l’introduction et réduire la douleur ;
- Introduction douce de la sonde jusqu’à l’apparition d’urine, puis fixation si sonde à demeure.
Le conseil de l'expert
Une hygiène rigoureuse du méat urinaire est essentielle : elle doit être effectuée quotidiennement et après chaque selle pour limiter les risques infectieux.
Chez les patients sondés, la présence de germes dans les urines est fréquente. Cette colonisation bactérienne est généralement asymptomatique. Elle ne nécessite ni prélèvement systématique ni traitement antibiotique en l’absence de signes cliniques d’infection.
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